Réflexions politiques

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Réflexions politiques

Le 12 décembre, l'Assemblée fédérale devra construire la maison gouvernementale avec les matériaux que le peuple lui a livrés, le 21 octobre dernier. Aussi le nouvel édifice risque-t-il de ressembler comme un frère à l'ancien. Non que les élections n'aient pas enregistré des variations et des mouvements divers, contradictoires parfois, mais parce que ces derniers n'affectent pas fondamentalement la structure du pouvoir. Les sept conseillers fédéraux sont tous candidats à leur propre succession. Dans la mesure où ils sont présentés par leurs groupes respectifs, l’actuel équilibre peut-il être modifié ? Hypothèse peu vraisemblable. Car notre exécutif fédéral traduit une sorte d'union nationale tacite, basée sur la représentativité politique. Et diffère d’une « union conjugale » où les partenaires se seraient choisis par affinité. Somme toute, le Conseil fédéral est une présidence collégiale, qui incorpore les plus grandes formations politiques du pays. Qui a pour mission, entre autres, de prendre, en les ajustant avec finesse, les décisions susceptibles de passer l’obstacle, parfois ardu, du Parlement, et celui, plus périlleux, du vote populaire. Vouloir changer cette formule sous le prétexte d'une approche « qualitative » et non plus seulement « quantitative » serait problématique. Car notre système de concordance a pour vocation d’intégrer et non d’exclure.
Qu’ont montré les dernières élections fédérales ? A droite, la recomposition s'est poursuivie, avec un tassement libéral-radical, une stabilité démocrate-chrétienne, et une poussée supplémentaire de l’UDC. En 15 ans, les deux partis de la droite modérée (PDC et PRD) ont passé, grosso modo, de 25 % à 15 % chacun, alors que, dans le même temps, l'UDC triplait son score, s’élevant de 10 % à 30 %. Ce n’est pas là le résultat d'accidents successifs, mais bien les effets d'une maladie chronique qui affecte les deux partis historiques, PRD et PDC, et sur laquelle nous reviendrons dans un prochain article. A gauche, un réajustement est aussi à l’œuvre, qui voit les Verts prospérer notamment sur le dos des socialistes. Les relations entre ces deux formations pourraient d'ailleurs se tendre, car il n'est jamais facile de faire de la place aux autres quand on est habitué à un certain confort et aux positions acquises. Nous autres Radicaux, en savons quelque chose !
Ces tendances sont-elles irréversibles ? Les partis de la droite modérée, par exemple, peuvent-ils encore renverser la vapeur ? Les socialistes réussiront-ils leur aggiornamento en confiant les clés de la maison à leur aile syndicale ? La poussée des Verts est-elle irrésistible ? Le parti radical, qui, avec d'autres, a fait de ce pays l'une des nations les plus justes et les plus prospères du monde, enrayera-t-il son déclin ? Ou se muera-t-il en simple courroie de transmission des milieux économiques ?
Ces questions sont légitimes à plus d'un titre. Mais elles ne sauraient recevoir de réponses immédiates et définitives. Pour trois raisons. Premièrement, la politique n'est pas une science exacte. Les causes qui, aujourd'hui, produisent tels effets, peuvent mener, demain, à des résultats autres. Deuxièmement, la politique est quelque chose d'interactif. L'action des uns peut contrecarrer tel ou tel dessein, et le contexte international n’est pas sans influence sur la politique intérieure. Enfin, la politique, c'est la vie : rien n'est figé, éternel, impossible aussi !
Face à l'avenir, soyons humbles. Non qu’il faille renoncer à s’engager. Car, une autre leçon peut être tirée de l'histoire : si le courage n'est pas toujours payant à court terme, il finit quand même par triompher des conservatismes et des résignations. Dans notre société, des mouvements sont à l’œuvre, sur lesquels peuvent se briser, un moment, une force ou une idée. Sur la durée, toutefois, il convient de ne jamais désespérer de ses ressources et de ses valeurs. Je crois fermement aux capacités, au destin du parti radical, parti de réformes et de gouvernement. Même si son retour en puissance exigera de l’abnégation, du travail et du temps.
Pourquoi cet optimisme ? Parce que la liberté est une aspiration naturelle à l'homme, et que nous sommes, quoi qu'on en dise, la formation la plus attachée à sa défense. Et que nous recrutons des personnalités nouvelles, affirmées, qui sauront répondre aux défis posés à notre pays. Enfin, nous savons que l’entreprise de rénovation ne peut plus être différée. Un parti radical, qui poursuit sa route et décline son identité, sans complexe, en dépit de la malice du temps et des sarcasmes des belles âmes, constitue une solide garantie pour l’avenir de la Suisse et le bonheur de ses habitants.

Léonard Bender
 
 
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