Trois leçons d'un scrutin

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Trois leçons d’un scrutin
 
Bien que le scrutin fédéral ne soit pas encore achevé – il le sera le 25 novembre lorsque les derniers conseillers aux Etats auront été désignés – il me semble quand même opportun d’en tirer déjà quelques enseignements.
 
- Que l’on soit d’accord ou pas, en matière électorale dans notre pays, tous les partis ne sont pas logés à la même enseigne. Que ce soit sur le plan financier ou sur la capacité pure à mener campagne, il y a d’un côté un parti professionnel, une machine de guerre, une force de frappe politique : l’UDC. Un parti évoluant en Super League. De l’autre côté – tous les autres – qui font des efforts méritoires pour simplement exister. Qui essaient d’avoir accès au débat public, avec une peine inouïe. Ils sont inscrits en Challenge League. Cette différence de catégorie n’explique pas tout, certes. De temps en temps une équipe amateur peut faire trébucher des champions, mais sur la durée d’un championnat, un exploit isolé ne fait pas un classement.
- La politique suisse est en pleine mutation. Nous ne serons plus longtemps un cas particulier, un système politique à part, un îlot de stabilité dans un océan d’alternances. En d’autres termes, dans la manière de concevoir et de pratiquer la politique, la Suisse s’européanise. Et c’est singulièrement l’UDC, soit le parti le plus réfractaire sur l’extérieur, qui en est le vecteur principal. En apparence, il y a là un sacré paradoxe. Sauf à dire que les défis qui se présentent à notre pays sont à peu près les mêmes auxquels font face nos voisins : mondialisation, vieillissement de la population, crise de l’Etat providence, réchauffement climatique, sentiment d’insécurité.
- Les modifications du paysage politique suisse ne sont pas la résultante d’accidents successifs, mais bien l’expression de mutations profondes à l’œuvre dans nos sociétés. Ainsi le rôle crucial des dirigeants nationaux, amplifier par une personnalisation à outrance. Pendant longtemps, les élections fédérales avaient leur propre signification*. Elles se faisaient exclusivement sur les thèmes nationaux, sur la « Sachpolitik ». La composition du Conseil fédéral n’était pas la préoccupation première des électeurs. Or, depuis 2003, on assiste à une mutation du sens de ce rendez-vous quadriennal. Certes, le peuple n’a pas la compétence de désigner l’Exécutif. Mais son choix préalable, indirect, pèse. Ainsi, le rapport des forces issu des élections du 21 octobre conditionnera fortement le vote de l’Assemblée fédérale du 12 décembre prochain. Cette évolution de notre système n’est pas une mauvaise chose en soi. Reste à espérer qu’elle débouche sur un mieux pour notre pays !
 
Léonard Bender
 
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