Refonder le capitalisme

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Refonder le capitalisme

 

La crise financière aura porté un coup sévère à la crédibilité des apôtres du laisser-faire, convaincus que la main invisible « secourable » d’Adam Smith suffirait à remédier aux difficultés. Le coup de main, qu’on espère salvateur, est plutôt venu des « Etats-pompiers » qui ont ouvert toutes grandes les vannes de leurs lances-incendie, en déversant sur les différents foyers des flots de liquidités. Voilà la réalité. Le capitalisme est certes un moyen d’enrichissement collectif sans équivalent, mais il ne peut donner sa mesure qu’en étant propulsé par un moteur démocratique. En d’autres termes, le marché et la démocratie sont indissociables dans la durée. L’un viendrait-il à manquer que l’autre s’effondrerait. C’est là le problème. Pour que la démocratie se déploie, elle doit pouvoir appréhender la complexité économique et financière, et exercer son autorité. Or, le marché financier est global, mondial, et les règles qui devraient l’encadrer ne sont pas suffisamment développées sur le plan international.

 

Face à l’extrême diversité des produits financiers, aux modes de rémunération déraisonnables et injustifiables, et aux carences de la surveillance, il convient de donner une nouvelle impulsion à la réglementation mondiale. La chancelière allemande, Angela Merkel, pourtant peu suspecte d’interventionnisme, a suggéré récemment la création d’un conseil économique à l’échelle de Nations Unies. Le nouveau capitalisme, qui se dessine, prendra davantage en compte les valeurs sur lesquelles repose l’authentique libéralisme : la responsabilité ; la récompense de la réussite et son corollaire, la sanction de l’échec ; l’encouragement de l’esprit d’entreprise ; la cohésion sociale. Mais, pour reprendre les propos d’Angela Merkel : « à crise mondiale, réponse mondiale », cela ne signifie pas :  « politique unique ». Ce serait d’ailleurs une absurdité. C’est pourquoi les plans de relance n’ont pas besoin de se ressembler. Ils doivent seulement correspondre à la réalité des diverses situations nationales. La meilleure des relances est celle qui dope l’investissement productif, celle qui soutient les grands travaux d’infrastructure et les grands chantiers … de la connaissance. Une crise revêt un aspect positif si l’on est capable, collectivement, d’en tirer les leçons fondamentales.

 

Léonard Bender

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